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La priorité (1/2)

J’adore l’art, qui pour moi, embellit le monde et permet d’enrichir notre expérience à travers celles d’autres artistes. Les progrès du monde contemporain, eux, nous permettent de vivre bien plus confortablement que par le passé. La religion quand à elle, élève, nous rapproche du sacré et procure le sentiment d’appartenir à une grande famille. Enfin, le savoir scientifique apporte un nombre incroyable de réponses et de connaissances sur le plan intellectuel.

Pourtant si je devais choisir une spécialité humaine comme étant la plus importante de toutes, un peu comme un objectif à poursuivre en priorité, je ne me prononcerai pour aucune de celles-ci ! Car je pense qu’il y a plus important encore ! Et j’aimerai partager cela avec vous…

 

Développons :

 

Une œuvre d’art fait généralement un bien fou, en particulier par son esthétique et l’écho qui fait qu’on se retrouve en elle. Et même si il arrive qu’elle nous bouscule, c’est le plus souvent pour faire évoluer notre regard, nous faire grandir. L’art peut-être émouvant, bouleversant même, mais je crois qu’il y a bien plus impressionnant encore… Qu’il s’agisse de musique, de littérature, de danse, de cinéma ou de toute autre forme d’art, qui semble parfois presque toucher au sacré, il existe plus fort encore !

 

Les progrès médicaux et plus généralement technologiques, ainsi que le confort moderne offrent également de beaux cadeaux au genre humain, certes plus terre à terre que des œuvres d’art ! Mais les prouesses créées par les inventeurs et les ingénieurs rendent généralement de grands services aux gens en leur facilitant la vie. Nombreux sont ceux qui pensent même que le progrès et sa camarade, la croissance économique doivent être nos objectifs principaux à poursuivre…

Mais le progrès rend-t-il les gens meilleurs pour autant ? Avons-nous par exemple, arrêter de nous faire la guerre grâce aux avancées technologiques ? Non, bien sûr que non. Alors la question se pose, le progrès peut-il être une fin en soi, est-il la solution miracle à tout ? Ou doit-il être au service de quelque chose de plus beau, de plus grand, de plus noble ?

 

La religion qui élève spirituellement et nous rapproche du sacré (ce qui est déjà inestimable), est aussi un domaine qui encourage à mieux se comporter moralement, ce qui renforce parfois la générosité de certaines personnes jusqu’à faire de l’aide à leurs prochains une véritable vocation, et les poussent ainsi à apaiser de nombreuses personnes en souffrance… Qui plus est, la religion a enfanté des œuvres d’art d’une beauté inouïe, sans doute en inspirant aux artistes l’envie de servir une cause « plus haute » qu’eux. Enfin, elle procure le sentiment réconfortant d’appartenir à une grande famille, prête à se serrer les coudes en cas de besoin !

Malheureusement ce sentiment peut aussi se révéler contraire à une morale humaniste, car il n’y a pas une, mais des religions ! Et les religions finissent presque inévitablement par s’affronter et se concurrencer les unes les autres en oubliant l’universalité de l’être humain : elles ont donc aussi leurs limites et leur côté sombre… Incompréhensions mutuelles, rejet de l’autre, certitude d’être plus près de la vérité que les autres, tout cela dégénère parfois dans la haine de la différence, allant jusqu’à des massacres et des guerres épouvantables. Qu’il serait bon d’être moins sectaires et moins arrogants !

 

La science peut d’ailleurs nous aider dans ce sens. Elle aussi est d’une importance cruciale dans sa quête de démonstrations et de vérités, et plus encore dans ses découvertes qui nous replacent sur une minuscule planète, à l’échelle de la Voie lactée, pour ne pas parler de l’Univers dans son immensité, ainsi que sur le temps long de la fabuleuse histoire du vivant qui évolue depuis près de 3,8 milliards d’années sur Terre. Car faut-il le rappeler, Homo Sapiens n’est là que depuis 200 000 ans, au mieux 300 000 ans ! La science nous rend tout simplement plus humbles, et donc meilleurs. Elle tempère les ardeurs des religions qui affirment trop souvent des choses sans les démontrer ! Elle apporte du sérieux et du concret à nos réflexions.

Et pourtant, elle n’apporte que peu de réconfort dans notre approche philosophique du monde, en nous apprenant : premièrement, que la vie est vouée à s’éteindre dans cet Univers qui finira par voir disparaître toutes les étoiles et les planètes d’une manière ou d’une autre, quel que soit le scénario envisagé (1) ; et deuxièmement, que l’évolution de la vie sur Terre est un processus aveugle qui n’a ni but ni morale, et par conséquent que le pire comme le meilleur sont permis dans le règne du vivant : une vie douce et paisible, que l’on apprécie pleinement et sereinement, des comportements d’entraide et de coopération entre espèces différentes (2), mais aussi, pour ne citer que quelques exemples, la pratique courante des infanticides chez les chimpanzés et les lions, du viol en groupe chez les dauphins ou les canards (3), voire des tortures perpétrées par des humains sur leurs propres congénères, etc. Comme le disait Théodore Monod : « la nature n’est ni morale, ni immorale, elle est (…) amorale ».

 

Alors qu’est-ce qui peut nous toucher et nous secouer plus encore que l’art ? Qu’est-ce qu’on pourrait mettre au dessus du progrès technique pour qu’il nous soit vraiment bénéfique ? Qu’est-ce qui peut être aussi sacré que la religion mais plus universel et en définitive moins dangereux que celle-ci ? Enfin qu’est ce qui peut nous apporter une vérité porteuse d’espoir, plus revigorante que toutes celles que propose le savoir scientifique ?

Références bibliographiques :

 

1. Katie Mack : Comment tout finira (astrophysiquement parlant). Quanto. 2021

2. Pablo Servigne et Gauhtier Chappelle : L’entraide : l’autre loi de la jungle. Les Liens qui libèrent. 2019

3. Loïc Bollache : Quand les animaux font la guerre. HumenSciences. 2023

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