Dense
Ce qui m'attire dans la danse
Je ne mène pas vraiment la danse, les musiciens si, car c’est leur musique qui me mène sur la piste.
Piste musicale qui m’emmène à coup sûr plus loin et souvent plus haut que lorsque je tente de m’orienter seul sur les chemins du rythme ; du tempo qui se diffuse délicieusement jusqu’aux osselets de mes oreilles.
Musique qui m’invite à rejoindre ses interprètes dans leur création, non pas en les écoutant impassible, mais en formant des traces éphémères dans l’espace.
De l’éphémère avec mes mains, mes bras, mon torse, mon ventre, mes cuisses, mes jambes, mes pieds, ma tête, mes muscles, et mon cœur qui bat à l’intérieur pour diffuser la vie jusqu’au bout de mes doigts.
De l’éphémère pour exprimer à ma manière le son que j’entends.
De l'éphémère puisque tout est temporaire en ce monde : rien ne demeure éternellement. Alors pourquoi ne pas en prendre son parti et se mettre à danser ?
La danse s’évapore peut-être plus vite que les autres arts, et pourtant quelle joie ne procure t-elle pas à celles et ceux qui la pratiquent ? Est-ce parce qu’elle est au sommet du présent, ivre du temps qui passe et ne revient pas ?
Est-ce là la forme de sagesse ultime de cet art ? De nous inviter à profiter de la vie tant qu’on le peut ?
Danser c’est s’élever ici et savourer maintenant !
Oui, la danse peut nous sublimer. Et oui elle nous permet d’apprécier un peu plus l’existence.
Et même si on ne croit pas à cette simple vérité, on peut malgré tout apprécier le pouvoir expressif des danseurs.
Et même si je ne suis qu’un danseur amateur, que je manque de souplesse, de technique, d’entraînement et pire, que je suis devenu obèse, j’aime toujours autant danser sur les musiques que j’apprécie.
Je ressens encore et toujours ce besoin d’exprimer ce qui m'émeut, de le coordonner avec ce que jouent les musiciens, leur bonne humeur contagieuse avec ma joie intérieure, la tristesse avec leur tristesse qui résonne en moi, leur colère avec la mienne. Mon bonheur d’aimer avec leur bonheur d’aimer !
Pour ainsi dire, je cherche à ressentir ces émotions magnifiées par les artistes, à leur donner vie à mon tour, à faire corps avec elles.
J’aime aussi les sonorités douces et mélodieuses, qui m’inspirent et me permettent de calquer mes mouvements sur ces fines harmonies.
Mais ce que je recherche par dessus tout, c’est de faire corps avec des morceaux qui m’emmènent progressivement vers le sublime.
Pour y parvenir je n'ai besoin ni de vin ni de drogue, seulement de m’accorder sur le rythme des musiciens : cet alliage entre un rythme qui monte toujours plus haut, et une musique qui devient de plus en plus envoûtante. Comme si elle allait m’emporter.
Comme si elle devenait immensément belle, et qu’elle pouvait dominer ma conscience.
Parfois la musique est toute puissante ! Elle devient plus forte que moi. Et c’est ce que j’aime ! Lâcher prise, me laisser conduire, me sentir dépassé par quelque chose de plus beau que moi.
Danser c’est se transcender ; puis redescendre sur un petit nuage d’euphorie.
Danser pour se sentir mieux dans son corps : plus fluide, plus précis, plus ample.
Mais plus encore, danser pour entrer dans un état de conscience modifié, pour se faufiler dans une transe légère où la perception du temps se dilate, où l’on se sent tout simplement bien ; puis en ressortir mentalement apaisé, connecté, nettoyé.
Voici ce que je recherche d’instinct dans la danse, voici ce qui m’attire comme un aimant dans la musique.
Pour moi, chacune de ces expériences est différente, plus ou moins intense, rarement parfaite, mais toujours spéciale.
Et vous, comment aimez-vous danser ? Que recherchez-vous quand vous vous exprimez par le mouvement du corps ?
Car au fond, à chacun son type de danse, à chacun ses préférences en la matière : seul, en couple ou en groupe. De façon libre ou cadrée. Sur des musiques occidentales, latino-américaines, africaines, amérindiennes, asiatiques, ou autre. Sur des musiques religieuses ou profanes, rapides ou lentes, douces ou énervées, et ainsi de suite. Pour explorer notre propre champ des possibles, pour faire des rencontres, ou encore pour se sentir soudé à un groupe…
Dans tous les cas, la danse nous en apprend un peu plus sur nous-même : nos craintes, nos limites, mais également nos atouts, nos forces.
Et elle nous fait pareillement découvrir la manière de créer du mouvement chez les autres, dont pas une seule ne se ressemble. Elle nous montre à quel point nous sommes tous uniques !
Elle nous rappelle ainsi qu’il est temps de profiter du passage fugace sur terre de nos partenaires de danse !
Oui, il est toujours temps de danser : tant que notre corps nous le permet, tant qu’on ne nous l’interdit pas, tant qu’on est encore vivant !